En tant qu’étudiants en langue on rêve souvent de vivre dans un pays multilingue et multiculturel…. mais les choses ne sont pas si cools et il arrive souvent que le groupe minoritaire d’un tel pays ait à défendre la survie de sa propre langue. C’est le cas du Québec, et c’est la raison pour laquelle on trouve beaucoup de références à la langue dans les chansons québécoise. Le conflit concernant la langue officielle du Québec (le français) a, en effet, inspiré de nombreux chanteurs et chanteuses québécoises -parmi lesquels Raymond Lévesque, Robert Charlebois, Gilles Vigneault, Pauline Julien…
Un cri pour l’égalité!
Une des premières chansons à évoquer la question de la domination de l’anglais au Québec est Bozo les Culottes de Raymond Lévesque. Cette chanson parle d’un homme très simple, qui sait à peine compter, mais qui a compris qu’on l’exploitait dans son pays (le Québec) et que les Anglais (les Canadiens anglophones) avaient les bonnes places/Et qu’ils lui riaient en pleine face.” Et, Même s’il était un peu dingue/ Y avait compris qu’faut être bilingue ! – c’est-à-dire si on est francophone. On est en 1967, à une époque où le droit à la diversité n’était pas encore acquis.
La tension grandit
En 1980, les francophones du Québec continuent à se battre pour être reconnus. Un référendum pour l’indépendance du Québec est proposé, mais il est rejeté. La ferveur de la population québécoise s’exprime alors de plus en plus, et souvent par l’intermédiaire de la musique. Il y a la chanson de Robert Charlebois qui s’appelle The Frog Song. C’est une chanson sur la question de la langue au Québec, mais le titre et le refrain sont en anglais! Le mot “frog” est un terme utilisé pour désigner les francophones du Québec, donc, peut-être ces deux lignes imitent les Canadiens anglais privilégiés qui utilisent ce terme pour décrire les francophones. Le reste de la chanson est en français et parle du mode de vie d’un canadien anglophone. L’ironie c’est, bien sûr, la référence à la tradition du crapaud (frog) qui se transforme en prince charmant! You’re a frog, I’m a frog, kiss me/ And I’ll turn into a prince suddenly! Charlebois tourne ainsi l’expression négative à l’égard des Québécois à leur avantage en suggérant que sous le crapaud (le Québécois) se cache un prince!
Il y a d’autres chansons qui mélangent les deux langues pendant cette période de tension. Un autre exemple inclut la chanson de Pauline Julien qui s’appelle Mommy. Voici des lignes de cette chanson qui utilisent un style similaire à la chanson de Charlebois: Please sing the song you sang when I was a baby/Fais dodo, Colas mon p’tit frère/Fais dodo, mon p’tit frère, fais dodo, tu auras du lolo/Mommy, mommy, I remember the song/Oh mommy, mommy, something seems to be wrong. Les deux chansons nous racontent l’histoire d’une domination de l’anglais sur le français. La voix jeune de P. Julien ajoute beaucoup d’émotion. Elle raconte l’incompréhension des petits francophones qui doivent faire place à l’anglais (et laisser tomber leur langue maternelle –Mommy, mommy). C’est la voix d’un enfant qui chante la tristesse de la province. Vous pouvez écouter la chanson voici:
La menace finale et son hymne
En 1995, une grande menace de séparation entre Canada et Québec a été proposée par les francophones au gouvernement canadien. Un nouveau référendum pour l’indépendance a été déposé par les Québécois. En 1975, Gilles Vigneault avait écrit la chanson Gens du pays qui deviendra l’hymne des séparatistes après le référendum. Les séparatistes l’ont chantée pour la première fois après avoir perdu le premier référendum, celui de 1980.
Ce qui est intéressant, c’est que cette chanson a été composée pour remplacer l’universel, mais bien trop anglais même quand il est traduit en français, Happy birthday to you!
Les Sources
https://usito.usherbrooke.ca/articles/th%C3%A9matiques/paquin_1
https://www.nytimes.com/1976/10/26/archives/language-dispute-is-termed-threat-to-canadas-unity.html
https://www.history.com/this-day-in-history/quebec-separatists-narrowly-defeated
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/quiet-revolution-plain-language-summary