Skip to main content

Osman Hamdi Bey, Un artiste au carrefour de l’Occident et de l’Orient

Osman Hamdi Bey, Auto Portrait, sans date, Osman Hamdi Bey House and Museum, Eskihisar, Gebze, Turkey

A sa mort, Osman Hamdi Bey était appelé “le plus parisien des Ottomans et le plus ottoman des Parisiens”. L’artiste turc s’est trouvé à la fin du 19e siècle, à un carrefour du Moyen-Orient et de l’Europe, de passé historique et de modernité. Grâce à la position de sa famille, son éducation diverse et ses opportunités dans le gouvernement ottoman, il est devenu un homme unique: un artiste, un bureaucrate, un excavateur et un activiste culturel, qui est encore admiré aujourd’hui. 

 

Les origines cosmopolites

Hamdi Bey est né le 30 décembre 1842, au famille d’Ibrahim Edhem Pacha, un haut fonctionnaire des gouvernements musulmans. Hamdi Bey a été élevé avec les opportunités d’une famille influente Ottoman. Il a commencé ses études à la faculté de droit à Istanbul en 1856, et les a continué à Paris. Là, toutefois, il a découvert les ateliers de Jean-Léon Gérôme et Gustave Boulanger, a abandonné le droit, et s’est inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts à Paris pour continuer ses études sous les deux artistes influents. Il est resté à Paris jusqu’en 1869, quand il est rentré à Istanbul. 

 

Hamdi Bey, l’Artiste

Après son retour à Istanbul, Hamdi Bey a commencé sa carrière au gouvernement. Toutefois, il a continué sa carrière artistique toute sa vie. Il est devenu peintre et son style était très influencé par son éducation parisienne. Il a utilisé le même naturalisme et réalisme que  ses contemporains français. Il était aussi très influencé par le mouvement d’orientalisme. Le mouvement artistique a montré le Moyen-Orient comme un lieu fantastique et exotique, sans considérer la réalité de la région ou des gens qui y vivaient, pour attirer l’imagination raciste des européens. Le mouvement dans la peinture est dirigé par Boulanger et Gérôme, les professeurs de Hamdi Bey. 

 

Jean-Léon Gérôme, Le marché des esclaves, 1866, huile sur toile, Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts

Né et élevé dans l’Empire Ottoman, mais éduqué par les orientalistes, Hamdi Bey s’est trouvé dans une position compliquée. Alors, il a utilisé ses tableaux pour montrer les scènes authentiques de la vie au Moyen-Orient, mais il les a montrées dans le style français, pour le plaisir du public occidental. Par exemple, en 1906, il a créé L’homme aux Tortues, connue aujourd’hui comme Le charmeur de Tortues.

 

Osman Hamdi Bey, Le charmeur de Tortues, 1906, huile sur toile, Musée de Pera, Istanbul

Dans ce tableau, il montre une scène complètement ottomane. Un homme religieux, peut-être un derviche, tenant un type de flûte et travaillant avec des tortues. Sur la fenêtre, il y a une inscription islamique, “proximité à la Mahomet aimé, curatif au coeur”. La symbolisme suggère que le derviche utilise sa connaissance spirituelle pour se connecter avec les tortues. Pendant que Hamdi Bey montre un vrai homme ottoman dans une coutume et une salle authentique, les éléments spirituels attirent l’imagination occidentale.

 Un autre tableau qui combine les éléments ottomans et européens est Une jeune fille lisant ou Une jeune fille récitant le Coran, de 1880.

 

Osman Hamdi Bey, Une jeune fille lisant, 1880, huile sur toile, Bonham’s, London

Dans ce travail, le style français est plus apparent. Hamdi Bey utilise le naturalisme, avec la vue des arbres à travers la fenêtre. Il utilise aussi le réalisme, avec le portrait réaliste de la jeune fille et tous les détails préservés sur les objets, comme le dessin sur les carreaux. La scène a attiré le public occidental- au 19e siècle, les portraits de femmes lisant étaient très populaires. Toutefois, Hamdi Bey a préservé sa culture dans son œuvre, avec une fille dans une robe à la mode ottomane, une vraie salle d’un harem, et la fille lisant le Coran, une pratique d’éducation commune. Ici, il a lutté pour préserver sa culture natale contre la vue occidentale.

 

Hamdi Bey, le Bureaucrate

En même temps qu’il a créé ses tableaux, Hamdi Bey a travaillé pour le gouvernement ottoman. Il a utilisé sa position pour protéger sa culture natale, comme il l’a fait dans ses tableaux. Il est devenu le chef du Département des affaires étrangères provincial à Bagdad, où il a décidé qu’il voulait protéger et “avancer” la culture musulmane. En 1881, il est devenu le premier homme turc au poste de chef du Musée Impérial à Istanbul. A ce poste, il a commencé à écrire un nouveau code juridique pour protéger l’archéologie et l’art turc contre les Européens et même les sultans qui, historiquement, pouvaient acheter ou voler tous les objets anciens qu’ils voulaient. Le code était si efficace qu’il est resté en vigueur jusqu’en 1973. 

 

Hamdi Bey à l’excavation de Mont Nemrut, 1881

En 1881, Hamdi Bey a introduit ses plans pour le Musée National d’Archéologie, et l’année suivante, il a établi l’Ecole des Beaux Arts à Istanbul. Pour toute sa carrière, il était aussi impliqué directement dans les expéditions archéologiques. Par exemple, une des plus célèbres de l’histoire ottomane, était l’Expédition Sidon en 1887. Dans la petite ville de Sidon, un villageois a découvert les ruines anciennes, et Hamdi Bey a dirigé l’effort d’excavation. Là, son équipe a découvert le Sarcophage d’Alexandre, du 4e siècle av. J.C. Le sarcophage est extrêmement bien conservé, et est encore considéré un “chef-d’œuvre” d’archéologie. Grâce au nouveau code de Hamdi Bey et les efforts de son équipe, l’objet est resté à Istanbul, exposé pour le peuple et la culture ottomane. 

 

Le sarcophage d’Alexandre, 4 siècle av. J.C., Musée National d’Archéologie, Istanbul

 

Un homme accompli mais compliqué

Le travail de Hamdi Bey était divers et est encore admiré, comme il l’a été de son vivant. Il n’y a aucun doute que ses efforts aideront à protéger et à promouvoir la culture ottoman. Cependant, après tout, l’artiste lui-même et son travail restent dans un espace compliqué. Il était un natif du Moyen-Orient, mais son travail représente quelques aspects de l’orientalisme. Il était toujours attaché à l’Europe, mais il a servi comme activiste musulman et turc. En fin de compte, on doit toujours reconnaître l’influence occidentale sur son travail, et les problèmes que cela cause, mais ils ne doivent pas nous empêcher d’apprécier le bon travail d’un artiste et activiste talentueux. 

 

Vocabulaire

Ottoman (adj)- Ottoman, relating to the Ottoman Empire

Moyen-Orient (nm)- Middle East

Haut(e) Fonctionnaire (nmf)- Senior official

Ecole des Beaux-Arts (nf)- School of the Fine Arts

Naturalisme (nm)- Naturalism

Réalisme (nm)- Realism

Orientalisme (nm)- Orientalism

Charmeur (nm)- Charmer

Derviche (nm)- Dervish, a Muslim monk

Carreau (nm)- tile

Harem (nm)- Harem

Code juridique (nm)- law code

Sultan (nm)- Sultan

Ruine (nf)- Ruins

Promouvoir (v)- Promote