“L’Acadie n’a pas de pays, elle a une histoire. Au lieu d’être un pays, c’est un peuple… Il n’y a plus d’Acadie; il y a encore des Acadiens. Et c’est ça l’Acadie.”
-(Antonine Maillet, écrivaine acadienne et gagnante du Prix Goncourt, 1983)
La musique est un élément essentiel de toute culture. La musique acadienne, enracinée dans un territoire et dans une tradition particulière, contribue à la survie de la langue française et de la culture francophone au Canada. Géographiquement, nous nous trouvons en Acadie, région du Canada qui comprend les provinces maritimes de ce pays : Le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Écosse, l’Île du Prince Édouard et la Terre Neuve. Pendant mon enfance, chaque fois que j’allais rendre visite à ma grand-mère, dans le village appelé Caraquet, dans le Nouveau Brunswick, j’étais transportée dans un monde nouveau, toujours en fête. La musique a joué un rôle fondamental dans l’éveil de mon désir de maîtriser la langue française.
L’étymologie du terme ‘Acadie’ nous ramène aux langues mi’kmaq et maliseet, les tribus autochtones de la région. Il est difficile de le dire avec précision, mais les mots “algatig” qui veut dire “campement” en mi’kmaq, et “quoddy”, qui veut dire “terre fertile” en maliseet, sont probablement les noms que les premiers colons acadiens ont adopté pour nommer leur colonie. Ces premiers colons sont arrivés au debut du 17ème siècle, et ils y ont coexisté dans une paix mutuelle avec le peuple autochtone pour plus d’un siècle. Cependant, cette relation a constitué une menace pour le pouvoir anglais qui avait pris possession du territoire, et en 1755 le gouvernement colonial anglais a décidé d’expulser plus que 10,000 acadiens et leurs familles. Certains acadiens ont été notamment déportés à un autre territoire français: la Louisiane. Là, ils ont préservé leur langue et leur héritage, en évoluant de devenir les Cajuns, une autre groupe ethnique aux états unis bien connu pour leur musique formidable. Les ancêtres des acadiens qui habitent encore dans la région originale auraient été cachés et renforcés par les tribus mi’kmaq et maliseet, qui les ont aidé à revenir après la violence du grand derangement avait terminé.
L’analyse des liens entre la terre et un peuple permet de reconnaître dans la musique acadienne une manifestation folklorique locale, mais également un outil historique et géographique. Il y a des airs qui rappellent à l’auditeur une tradition que l’on risquerait d’oublier sans eux, tandis que d’autres lui font “voir” des paysages. La musique Acadienne évoque tantôt les forêts, tantôt les vagues de la mer. Comme dit Antonine Maillet, l’Acadie n’a pas un pays, mais la communauté acadienne survit par la memoire de notre histoire partagée. C’est par la musique qu’on peut préserver cette histoire ainsi que toute la richesse d’une culture ancienne. Puisque cette dernière ne peut pas être exprimé par les mots seuls, les rythmes et les mélodies deviennent indispensables pour assurer sa transmission.
Par ailleurs, la musique Acadienne est polyinstrumentale. Les instruments les plus joués sont le violon et l’accordéon, qui auraient été importés par les premiers colons français. Il est incroyable de voir le talent et la joie des musiciens acadiens. Leur performance est rapide, jubilatoire, propulsée par la vigueur du rythme. Les musiciens acadiens sont connus pour être capables de danser et de taper les pieds pendant qu’ils jouent. Comparée à la musique classique ou symphonique, la musique acadienne pourrait faire songer à du bruit. Mais cela n’est qu’une apparence. Il y a des énergies et de la joie dans ce bruit apparent ainsi que les traces du folklore, de l’histoire et de la topographie de l’Acadie.