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ChatGPT, un outil un peu trop élitiste!

   ChatGPT est un outil polyvalent qui peut permettre à n’importe qui d’avoir une conversation naturelle avec une intelligence artificielle. Il est intéressant d’explorer cet outil dans le cadre de l’apprentissage d’une langue et de sa culture. En effet, pour être le plus naturel possible il faut pouvoir agir comme un natif. Le vocabulaire ne cesse d’évoluer. De ce fait, beaucoup d’expressions, mots d’argot et langage informel ne sont pas inclus dans l’apprentissage traditionnel d’une langue. En classe, on met encore souvent l’accent sur la grammaire. Cependant, le problème est que même si le français est grammaticalement correct, parfois, il ne semble pas naturel. Par exemple, on devrait dire: “je me suis fait mal, de ce fait, j’ai demandé à l’infirmière de me donner un pansement”. Un natif le prononcerait: “J’me suis fait mal du coup j’ai d’mandé à l’infirmière de m’donner un pans’ment.”

File:Jardin du Musee Rodin Paris Le Penseur 20050402 (02).jpg - Wikimedia Commons   ChatGPT a la possibilité de créer des dialogues qui nous permettent de nous inspirer de conversations déjà faites. Par exemple, j’ai demandé à chatGPT de générer deux sujets conversation identiques mais dans différentes classes sociales: “Peux- tu générer deux versions différentes d’une même conversation? La première version entre deux gens de banlieue et l’autre entre deux gens d’un quartier privilégié de Paris?” 

Version entre deux personnes de banlieue :

Moussa : Yo Mehdi, ça roule ?
Mehdi : Ouais tranquille, et toi ?
Moussa : Bof, ça va, on fait aller. T’as vu les keufs [=flics] hier soir ? Ils étaient encore en train de faire du zèle.
Mehdi : Nan, j’ai pas vu. Qu’est-ce qu’ils ont fait ?
Moussa : Rien de spécial, ils ont juste fait chier tout le monde à contrôler les gens sans raison.
Mehdi : Ah ouais, c’est chaud. Mais bon, on est habitués maintenant.
Moussa : Ouais, c’est clair. En parlant de ça, t’as vu le nouvel iPhone qui est sorti ?
Mehdi : Nan, j’ai pas vu. Il est bien ?
Moussa : Grave, il est trop stylé. Mais il coûte la peau des fesses, comme d’habitude.
Mehdi : Ah ouais, c’est sûr. Moi je vais plutôt économiser pour prendre une moto.
Moussa : Ah ouais, t’as raison, c’est mieux. Mais fais gaffe aux flics, ils sont chauds en ce moment avec les deux-roues.
Mehdi : Ouais, je sais. Mais j’ai besoin de liberté, j’en peux plus de prendre le RER tous les jours.
Moussa : Ouais, je comprends. En tout cas, ça va être cool quand tu vas avoir ta moto.
Mehdi : Grave, j’ai hâte. Allez, je vais te laisser, j’ai des trucs à faire. À plus !

La version avec des adultes d’un quartier huppé de Paris, selon les mêmes données de base:

Sophie : Bonjour Jacques, comment vas-tu ?
Jacques : Bonjour Sophie, ça va bien merci, et toi ?
Sophie : Je vais bien, merci. As-tu lu le dernier livre de Philippe Delerm ? Il paraît qu’il est excellent.
Jacques : Non, je n’ai pas encore eu le temps de le lire. Mais j’ai entendu de bonnes critiques, il faut que je le mette sur ma liste.
Sophie : Oui, je pense que ça pourrait te plaire. Sinon, tu as entendu parler de la réforme fiscale qui va être proposée par le gouvernement ?
Jacques : Oui, j’ai lu quelques articles à ce sujet. C’est une question complexe, il va falloir être attentif aux détails pour comprendre les implications.
Sophie : Tout à fait. Je suis curieuse de voir quelle sera la réaction des différents acteurs économiques.
Jacques : Oui, c’est vrai. En tout cas, c’est une période intéressante pour la politique française, il se passe beaucoup de choses.
Sophie : Oui, je suis d’accord. Et puis, il y a toujours des sujets d’actualité qui suscitent des débats passionnés.
Jacques : Exactement. Et toi, comment se passe ton travail en ce moment ?
Sophie : C’est plutôt intense, mais j’aime ça. Je travaille sur un projet de développement durable pour une grande entreprise, c’est très stimulant.

   Il y a de grandes différences de vocabulaire, mais ce qui m’a particulièrement surpris, c’est la différence entre les contenus. La première chose qui saute aux yeux est le choix des noms: “Moussa” et “Mehdi” pour la banlieue et “Sophie” et “Jacques” pour les quartiers chics… Pour les jeunes des banlieues (notez qu’ils sont forcément jeunes, et que ce sont des hommes!), ils parlent des transports en commun, des problèmes avec la police, de football, des dernières technologies. Dans le cas des personnes (apparemment adultes, elles) issues des quartiers privilégiés, le bot a décidé de les faire parler de sujets plus “universels”: leur travail, la littérature, la politique (nationale), le gouvernement et l’économie – c’est-à-dire des sujets qui demandent une certaine éducation. Ces sujets de conversation sont tout simplement basés sur des stéréotypes. Cela met certaines catégories de personnes dans des cases. De ce fait, certains utilisateurs pourraient se forger une opinion biaisée. Quelqu’un qui se servira de ChatGPT pour s’initier à la culture parisienne aura un regard dévalorisant sur les habitants des banlieues. Il est surtout surprenant que, par défaut, l’intelligence artificielle ait ce genre de stéréotypes. Etant donné que ChatGPT a été créé par des humains et s’alimente des expériences des utilisateurs, cela montre à quel point certains clichés sont ancrés dans les mentalités. 

   Être exposé à ce genre de stéréotypes, risque de réduire la complexité et la richesse de la diversité humaine, ce qui peut mener à la discrimination et à l’exclusion. Il est important de reconnaître que chaque individu est unique et que nous ne pouvons pas présumer leur caractère, leurs intérêts ou leur personnalité en fonction de leur âge, de leur origine sociale, de leur race ou de tout autre caractéristique. La diversité est une force qui enrichit nos expériences et nos perspectives, et elle doit être célébrée plutôt que stigmatisée par des clichés. 

Il faut donc se méfier de ChatGPT qui, contre toute attente, n’est pas en avance sur son temps!

 

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